Le webdoc et les balbutiements du transmédia multiplateforme.

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Qu’est-ce qu’un webdoc ?

Le webdocumentaire (ou webdoc) est un format au contenu multimédia, intégrant des procédés interactifs de narration dont la diffusion se fait par le Web.
Objet interactif dé-linéarisé et immersif, le webdoc confronte le documentaire à une nouvelle écriture scénaristique.
En tant qu’outil d’écriture, le web a en effet des spécificités (hypertexte, multimédia, temps réel et bien sûr interactivité) susceptibles d’altérer la forme documentaire.
Cependant il ne s’agit pas d’une nouveauté radicale pour les réalisateurs de fictions comme de documentaire. Le CD ROM a déja été le précurseur de ce type de problématique que la généralisation du haut débit d’internet a déplacé sur le secteur du on-line.
Déja dans le CD-ROM Immemory (1997) la logique de l’ordinateur fournissait à Chris Marker une vraie alternative à la logique filmique linéaire. Cette “géographie de sa propre mémoire” en sept zones thématiques rendait possible une logique non-linéaire de l’exploration du matériel visuel et textuel.

La vogue du webdocumentaire

Depuis un certain nombre d’années, sur fond de crise de la presse et de mutation du photojournalisme, ce type de productions interactives investit Internet, des chaînes leur dédient des plateformes, des auteurs, souvent des journalistes au départ, et des sociétés de production se lancent dans l’aventure.
Le genre tel qu’on le définit aujourd’hui est né en 2005, avec La Cité des mortes chez Upian. une enquête des journalistes Jean-Christophe Rampal et Marc Fernandez sur la disparition et le meurtre, depuis 1993, de plusieurs centaines de femmes à Ciudad Juárez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Déclinaison du livre La Ville qui tue les femmes et du film du même nom diffusé sur Canal Plus.

almawebdocParmi les autres succès qui ont jalonné la genèse du webdocumentaire,  « Gaza Sderot. La vie malgré tout » produit par l’agence Upian fait toujours référence. mais aussi « Voyage au bout du charbon », de Abel Ségrétin et Samuel Bollendorff, 2008©Honkytonk Films., ou « Prison Valley. L’industrie de la prison », de David Dufresne et Philippe Brault, 2010©Arte/Upian., les auteurs (venant tous du journalisme et du photojournalisme) ne disaient pas autre chose : renouveler le regard, placer l’internaute-spectateur en immertion au centre du sujet.

gazasderotwebdocDe La Cité des mortes, en 2006, jusqu’à Prison Valley, l’agence Upian dirigée par Alexandre Bracher a produit une collection de récits interactifs d’une grande qualité et inventivité.http://www.upian.com/

 

 

 

L’économie du webdoc

Le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), partie prenante de l’essor du webdocumentaire depuis ses débuts (2007), a renforcé sa politique d’accompagnement (fond de soutien). En cinq années de fonctionnement, la commission des Nouveaux Médias a aidé 360 projets dont une centaine sont d’ores et déjà réalisés et en ligne. En 2012, 95 projets ont été soutenus pour un montant total de 2.4 Millions d’euros.
Le monde des médias a lui aussi soutenu ce développement avec des diffuseurs comme Arte, France Télévisions, Radio France, Le Monde,ou  Ina.fr.
Cette forte participation des institutions publiques, via la télévision et le CNC, est une exception qui fait de la France un pays leader en matière de webdocumentaires.

 

La diffusion multiplateforme

Les webdocs se développent de plus en plus aujourd’hui en tant que projets multiplateformes, crossmédia, transmédia. Les nouveaux modes de consommation des produits média se font en effet actuellement sur des multi-supports multi-écrans avec tv connectées, tablettes, smartphones, ordinateurs etc. Reportage tv, livre numérique, concert, exposition, réseaux sociaux, applications smartphones peuvent désormais accompagner la sortie du webdoc.
La narration transmédia (en anglais, transmedia storytelling ) est une méthode de développement d’œuvres de fiction ou documentaires et de produits de divertissement nouvelle qui se caractérise par l’utilisation combinée de plusieurs médias pour développer des univers narratifs, des franchises, chaque média employé développant un contenu différent.

 

Réalité augmentée et “gamification”

De plus la pratique massive du jeu vidéo par les nouvelles générations de spectateurs oblige les médias traditionnels a se repositionner quant à la fabrication même de leurs programmes.
Le rapprochement entre le web documentaire et le jeu vidéo pourrait constituer une des pistes de ce développement. Récits dits en arêtes de poisson, délinéarisés, ou en constellation, ces œuvres nouvelles empruntent des codes au cinéma, à la télévision, et aussi de plus en plus au jeu vidéo, et à la culture des liens.
La conception du jeu en réalité alternée (ARG) passe par un scénario très élaboré conçu comme un algorithme avec plusieurs possibilités offertes, mais une seule fin possible. Le scénario d’un jeu en réalité alternée est basé sur le « transmedia storytelling », autrement dit en français, la narration transmédia. Ce dernier est une méthode de développement d’œuvres de fiction, de documentaires ou encore de produits de divertissement qui se caractérise par l’utilisation combinée de plusieurs médias pour développer une trame narrative. Chaque média développant un contenu différent.

En ce sens, les nouvelles règles du jeu médiatiques sont bien celles que pointait déja le “Serious games” de Harun Farocki.

 

Sources :

rue89.nouvelobs.com

vimeo.com



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